[Test/Chaussure] Altra Lone Peak 3.0 … version Zero Drop de la polyvalence en trail
Après un an de bonheur et quelques centaines de kilomètres avec les Altra Lone Peak 2.0 Neoshell, on peut dire que j’attendais la nouvelle version avec impatience, pour laisser mes chaussures fétiches prendre une retraite méritée, ne les ayant pas vraiment ménagées en terme de conditions d’utilisation.
Je rappelle mon profil de coureur :
- 50 ans, coureur depuis 2012, plutôt trail,
- Coureur moyen : 3h50 au seul marathon que j’ai fait en 2015, 1h35 au 20 km. de Paris. VMA testée à 16 km/h, FCM à 174 bpm.
- Finisher de la Saintélyon 2014 et du Grand Trail des Templiers en 2015. Plutôt dans le dernier quart du peloton.
- Poids entre 75 et 80kg pour 1m76 donc lourd.
- Entrainement trail : 4 séances minimum de CAP par semaine, VMA, seuil, côte, sortie longue. 2 séances de PPG, du vélo et des footings pour compléter.
- Spots de tests, en Ile de France : Parc de Saint-Cloud, Bois de Verrières, Forêts de Meudon et Fausses-reposes, Circuit des 25 bosses. Autres spots pour ce test : Causses (Millau), Désert marocain.
- Chaussures de trail habituelles : Saucony Xodus, New Balance 910 Trail V3, Altra Lone Peak 2.0 Neoshell, Altra Superior 2.0.
Au sommaire :
Zero Drop
Voilà donc, un matin de septembre, qu’arrive à ma porte la version 3.0, sans neoshell pour ce test. Beaucoup de mes collègues blogueurs ou journalistes les ont déjà essayées pendant le week-end de l’UTMB. Leur premiers retours me laissent penser que je ne devrais pas être déçu. Mais essayons de garder un minimum d’objectivité.
OK je ne cours pratiquement plus qu’en Altra depuis plus d’un an. Ce sera ma 5ème paire, 3ème pour le trail. Et à part les Intuition 3.5 que j’utilise mais sur lesquelles j’ai quelques réserves en terme de confort, j’ai été ici même plus que dithyrambiques sur ce que m’a apporté cette marque américaine, à la croissance fulgurante dans son pays d’origine.
Pour ceux qui débarquent, je rappelle les précautions d’usage. Altra ne fait que des chaussures dites à « drop » zéro. Donc le pied est à plat, le talon à la même hauteur que le l’avant-pied. A comparer avec certaines grandes marques qui ont des drops allant jusqu’à 12 mm. Le « Zero drop » impose d’avoir une foulée medio-pied, sinon gare aux tendons d’Achille et autres désagréments. Pour certains, cela imposera une adaptation non négligeable. Plusieurs méthodes existent. Je ne saurais que trop vous conseiller l’approche Light Feet Running du français Solarberg Séhel (voir ma chronique de son livre).
Design agressif
Ca veut dire quoi un look agressif ? C’est vrai, on emploie tous des clichés dans nos tests produits. En l’occurence, on est ici dans une optique un peu « streetware », ce qui est assez original pour une chaussure de course en nature. D’autant que l’épaisseur de semelle de 25mm et l’amorti affiché la destine plutôt à du moyen/long. Ce sera bien entendu ma chaussure de course et de sorties longues.
Une rapide comparaison avec l’ancien modèle montre que la largeur de l’avant, la toe box « Foot Shape », s’est un peu resserrée sur la V3. Vu que cette largeur qui permet au pied de s’exprimer sur les poses avant/medio est la caractéristique que je préfère chez Altra, j’ai besoin d’être vite rassuré sur le sujet. Autant le dire tout de suite, je n’ai pas eu de problème particulier à ce niveau, retrouvant vite le confort et la qualité de pose que j’avais énormément apprécié sur la précédente.
Si l’empeigne est dans un matériau ou un tissage différent, on est vite en territoire connu. La marque nous promet un séchage rapide. Tant mieux, vu que l’on n’est plus protégé par une membrane sur ce modèle. Le modèle Neoshell existe bien sur également en 3.0.
J’avais utiliser les mots « charentaise » et « doudoune » pour qualifier le confort douillet de la V.2.0 Neoshell, je pourrais le refaire ici. Et au passage, on gagne quelques grammes ce qui est toujours appréciable. Le velcro pour fixer les guêtres de la marque est également toujours là. Le pare-pierre est très différent dans son design mais toujours aussi large.
Les plus gros changements viennent peut-être de la semelle. Le dessin des crampons est complètement repensé, même s’il utilise toujours le principe de leur technologie TrailClaw pour « griffer » le terrain et assurer une bonne accroche. Les crampons sont plus petits et de formes différentes.
Il est temps d’enfiler ces chaussures qui ont de la gueule et qui s’avère être les dignes descendantes de leurs ainées que j’aime tant.
Test en nature
Entre septembre et l’hiver, je n’ai pas l’occasion d’aller la tester dans des pierriers alpins ou autre terrain franchement « caillasseux ». En bon parisien, je passe ce début d’automne à tester sur les chemins forestiers des environs, parfois dans les flaques de boue. J’ajoute le meilleur test d’adhérence que j’ai sous la main, le traditionnel circuit des 25 bosses dans la forêt de Fontainebleau et ses rochers glissant quand il sont recouverts de sable. Autant dire que je trouvais l’accroche et l’adhérence à mon gout sur le modèle précédent mais je sens bien que des progrès ont encore été fait à ce niveau. Bien sur ça glisse sur sol lisse et mouillé. Mais à part mes chaussures de ville Doc Martens, je n’ai jamais vu une semelle qui ne glissait pas sur une surface lisse humide.
Dans les parties techniques pleines de racines des 25 bosses ou dans les piège de l’automne en forêt, les cailloux sous les pierres, j’apprécie à la fois la souplesse et la protection du pare-pierre. Adepte du « laçage verrouillage » utilisant le dernier trou de la chaussure, j’apprécie également le maintien.
Le vrai test pour moi, même si j’ai du abandonner sur blessure, sera l’Endurance Trail du Festival des Templiers. Je précise que la blessure en question a été faite pendant un entrainement antérieur, sur une racine et avec d’autres chaussures. J’ai quand même couru 8 heures, dans ce terrain que j’aime tant, alternant passages roulants, belles montées, quelques dévers et quelques descentes techniques de cailloux, parfois glissant tôt le matin. Vu mon niveau, sur une course aussi longue, je demande essentiellement du maintien et du confort et la Lone Peak 3.0 est idéale pour moi. L’amorti est comme je l’aime, ni trop, ni trop peu. On le sent bien mais il ne donne pas la sensation d’étouffer le rebond. Bien sur, au niveau dynamisme, je suis loin de mes Altra Superior d’entrainement mais le compromis avec le confort est un des meilleurs que j’ai pu constater.
L’effet de la large toe box et de la semelle relativement souple est toujours là pour le ressenti du terrain. Je précise pour ne pas avoir le même genre de remarque que sur mon test des 2.0 que je ne parle pas de « sentir les cailloux sous les pieds » mais de faciliter la proprioception naturelle du pied en ressentant bien la pose, dans les sols accidentés.
Précisément, à l’instar de mon camarade plus expérimenté, Vincent Gaudin, j’ai quelques réserves sur un terrain de « caillasse ». Le test final, je le fais pendant mon stage dans le désert du sud marocain, du côté de Zagora. Des étendues de cailloux de toute taille. Une espèce de pierrier infini plat. A la fin de l‘après midi, et en l’absence de ma préparation habituelle Tano/Nok les semaines précédentes, je sens un peu trop le terrain et ça chauffe. Le lendemain, je repasse sur le mêmes genre de terrain avec une chaussure à semelle un peu plus dure (New Balance 910 Trail V3) et je vois la différence. Ceci dit, je refais un test le sur-lendemain pour une sortie de 5 heures et je me dis que si je prépare mes pieds, ça passera pour mes projets d’ultra. On verra dans les pierriers du massif de Belledonne pendant l’UT4M.
Une remarque sur le désert. Les mini-guêtres Altra sont très bien pour se protéger de la boue ou du sable. Mais pour les dunes du désert quand le sable est mou et forcément un peu plus profond, oubliez. Il faut plus haut et beaucoup plus accroché à la chaussure.
Solide ?
Au final, je suis aussi bien qu’avec les 2.0 Neoshell en gagnant en légèreté et en accroche avec le nouveau design de crampons. Cela résume assez bien mon avis après 400 km.
Quant à l’usure, même si on pourrait penser que 400 km n’est pas suffisant pour se faire une idée, ça l’est en ces temps d’obsolescence programmée. Surtout avec ce que l’on fait subir à nos souliers de trail. Je vous laisse voir les photos.Même les crampons n’ont pas l’air de s’user. Le nouveau mesh n’a pas bougé et la chaussure garde de la gueule.
Pour être complet, sachez que, les chaussures de la marque Altra étant pas mal utilisées par les randonneurs américains, la marque a décidé de sortir une Lone Peak 3 montante pour cette pratique. Comme je ne randonne qu’avec mes anciennes chaussures de trail, je me vois bien essayer ce modèle aussi.
Conclusion
Vous l’aurez compris, j’attendais beaucoup de ce modèle remplaçant mon modèle préféré de la saison précédente. Je ne suis pas déçu. Ce sont définitivement mes chaussures pour tous les trails à venir cette année. Et j’espère enfin dépasser les 100 km en une course avec.
Si le Zero Drop vous est familier, cette Lone Peak 3.0 est assurément une chaussure polyvalente à considérer pour tous vos trails.
Les plus
- Confort, compromis confort/dynamisme.
- Solidité à toute épreuve.
- Bonne accroche
- Le design street ware. On aime ou pas. Moi j’adore.
- Plus légère que l’ancienne version.
- Séchage rapide.
- Le concept Altra de respect optimal de la bio-mécanique naturelle : drop de zéro et large boite à orteil.
- Pare-Pierre large.
- Souplesse relative de la semelle pour mieux sentir le terrain.
- Amorti suffisant pour mon gabarit lourd, pour du long.
- Le système d’attache de guêtres de la marque Altra (non fournie) par velcro.
Les moins
- Pas du tout imperméable (mais un modèle Neoshell existe).
- Manque de protection de la semelle sur terrain plein de « caillasse »
- Nécessite une vraie transition pour les coureurs ayant une attaque talon ou une fausse foulée medio-pied.
Autre test :
- Vincent Gaudin, ultra-traileur confirmé, a surement fait plus de « vraie » montagne que moi sur la période. Son test est ici.
- Nadia, dont le sérieux des tests n’a d’égal que son sourire, a des conclusions similaires aux miennes. Voir son test sur le blog Nadia runs Paris.
Altra Lone Peak 3.0 est disponible chez notre partenaire affiliation i-run au pris de 140€ (certains modèles sont soldés à 98€) : voir sur le site.
Bonjour
Est ce que ce modèle vient avec une « rock plate » pour les terrains plus difficiles?
Merci.
Frank
Oui et Non. contrairement à la Superior, le Stone guard (semelle de protection pour les terrains caillouteux) est intégré dans la semelle de la Lone Peak et pas amovible.
Merci de cette réponse.
Frank