[Test] Bluetens, l’électro-stimulation facile
Auparavant, j’utilisais un petit appareil d’electro-thérapie pas cher – dans les 30 euros – que mon précédent kiné utilise dans son cabinet. Cela m’a permis de découvrir cette technologie qui manquait à mon arsenal de super-geek du sport d’endurance, sans avoir à débourser une fortune pour m’acheter un de ces beaux appareils de la marque Compex. En parlant de celle-ci, si je mets de côté les appareils haut de gamme avec des électrodes sans fil, dont le prix est forcément très haut, on se retrouve avec des entrées de gamme fitness dans les 180 €, voire 480 € pour un modèle adapté à un runner. J’ai d’ailleurs eu plusieurs fois l’occasion d’essayer ponctuellement lesdits appareils et ai pu constater que, même si l’électricité est la même pour tous (à la stabilité près), la façon dont on l’utilise fait une vraie différence de gamme. On parle essentiellement de richesse des programmes proposés et de quelques fonctions qui font vraiment la différence.
Il n’en fallait pas plus pour me motiver à faire ma propre étude sur le sujet. Donc à m’intéresser à autre chose que l’utilisation basique que j’avais de cette technologie, pour la récupération ou la capillarisation avant-course. Au moment où je pense ça, on me propose de tester un récent entré sur le marché, Bluetens. En plus, celui-ci est de conception française. Il se situe dans une gamme de prix – 149 euros – entre les deux sus-cités. Ce qui me rend encore plus confus et donc curieux. Je lis un article publié par Greg Runner sur le produit, sachant que je connais déjà son expérience de Compex. Visiblement, il a apprécié le produit dans la préparation du 80km du Mont-Blanc. Il lui reproche une seule chose, la petite taille des électrodes, qui oblige à traiter un côté puis l’autre et pas les deux en même temps. Mais, depuis, Bluetens propose aussi des électrodes larges et j’ai d’ailleurs la chance de les tester.
La question à laquelle je voudrais répondre est multiple. D’abord elle est générale sur l’utilité optimale de l’electro-stimulation sur mon entrainement et ma récupération. Ensuite, qu’est-ce qui différencie un appareil à presque 500€ (voire plus de 1000€ pour les sans fil) d’un produit à 149€ ? Et qu’ont les deux de différents par rapport à mon appareil bas de gamme ?
La concurrence
La question du prix entre un Compex et Bluetens n’a pas été oubliée dans la communication de la petite marque française. Le principe est simple : l’impulsion électrique est délivrée par un petit module, rechargeable via USB. Sur les modèles classiques, toute l’intelligence pour programmer sa séance se trouve sur un écran embarqué ? Celui-ci, désormais souvent en couleur, voire tactile, grève forcément le prix de l’appareil. L’idée de Bluetens est d’utiliser le smartphone et une application dédiée sur celui-ci comme interface pratique. Le module est piloté via la technologie Bluetooth, d’où le nom. Bienvenue dans le monde, la mode, des objets connectés, un des secteurs les plus actifs de la très dynamique French Tech.
L’avantage n’est pas qu’économique. Si vous avez la curiosité de regarder les différents appareils du marché, vous verrez que le nombre et le type de programmes sont effectivement un élément déterminant dans le prix. Et ce sont des attributs figés. Avec une application déportée, Bluetens va pouvoir offrir une évolutivité qui fait vite défaut à ses concurrents.
Sans compter qu’un module sans écran prend forcément moins de place. Je rentre tout ce dont j’ai besoin, électrodes, câbles de raccordement, câble USB pour la recharge et le petit module dans une petite sacoche fournie dans la boite. Autant dire qu’il va me suivre un peu partout.
En ce qui concerne mon petit appareil à 30 euros, il a beaucoup de programmes mais ceux-ci sont simplistes et monolithiques : une seule fréquence de stimulation et une seule forme d’impulsion par programme. Son seul degré d’évolution est la possibilité de créer quelques programmes. C’est surement utile à un kiné qui connait le sujet mais pas au quidam moyen. Sans compter, qu’il est à pile donc moins pratique.
A l’instar de ses concurrents prestigieux, Bluetens varie la forme de la stimulation au sein d’un même programme pour un travail plus précis. On ressent cela directement, surtout les changements de fréquence, entre les fourmillements très rapides et les « coups » très lents de certains programmes de massage. J’ai aussi l’impression que certains programmes ont une phase d’échauffement (le terme est peut-être impropre) ou de préparation au travail du coeur de la séance. En tout cas, cela donne l’impression d’un travail précis sur les définitions de séance.
Oui mais Com…x quand même !!!
Pour en revenir aux différences, il serait faux de réduire Compex à des appareils trop gros, et au fonctionnement figé, pour justifier un tel écart de prix. La marque suisse propose un certain nombre d’innovations quand le Bluetens reste, pour sa première version, focalisé sur l’essentiel. Parmi les plus remarquables, le Mi-sensor qui permet de « scanner » vos muscles et d’optimiser les paramètres automatiquement. Si vous avez déjà utilisé un appareil d’électro-stimulation, vous savez qu’il est difficile de régler ne serait-ce que l’intensité du courant, quand on n’y connait rien. Sans compter qu’avoir un retour d’information (feedback) sur la contraction du muscle permet d’envisager des programmes cohérents et auto-adaptatifs, qui mixent « effort volontaire » et electro-stimulation. Bluetens ne prétend pas proposer cela pour le moment. Mais si notre petit objet connecté ne taquine pas le haut de gamme de ses concurrents établis, il va vite titiller les entrées de gamme qui restent presque 3 fois plus chers.
Enfin, pour faire un tour complet de la concurrence, il existe déjà des concurrents plus directs dans la même gamme et le même mode, objet connecté à une application, dont le MyTens, qui a la particularité de proposer un appareil sans fil, mais à 100 euros de plus et un positionnement surtout axés sur le soin et pas vraiment la pratique sportive.
Bluetens arrive quand même avec 100 programmes en version de base. Le temps que j’ouvre la boite, je vois passer l’annonce de nouveaux programmes à la prochaine mise à jour de l’application. Il est grand temps de passer au sujet de l’utilité de cette technologie.
La partie geek : Comment ça marche ? Qu’est-ce que ça fait ?
Les lecteurs les plus assidus commencent à me connaitre. Je ne fais jamais un test de matériel sans avoir creuser un peu l’état de l’art sur le sujet. C’est mon côté « C’est pas sorcier » (ou Michel Chevalet pour les Vétérans). Abordons donc la partie culturelle et théorique de l’article. J’ai lu beaucoup de choses, pas mal d’études compliquées voire contradictoires. On est ici dans un domaine empirique … comme dans 99% des sujets traitant de l’entrainement sportif d’ailleurs.
Tout d’abord le principe de base. La stimulation électrique distingue 3 formes largement répandues dans la médecine sportive :
- La stimulation électrique des voies nerveuses (l’acronyme TENS en anglais pour Transcutaneous Electrical Nerves Stimulation) dont l’utilisation médicale est prouvée pour soulager les douleurs.
- La stimulation musculaire (EMS pour Electrical Muscle Stimulation) utilisée en rééducation et renforcement musculaire.
- Les effets de massage relaxants ou tonifiants par la vasodilatation et la production d’endorphine.
Malgré son nom, contraction de bluetooth et TENS, Bluetens fait bien les 3 types de stimulation.
Une peu de physique. Allez quoi, pour les lecteurs les plus geeks. Une stimulation électrique est définie par sa forme, monophasique ou bi-phasique (je viens de perdre 50% de lecteurs), sa largeur d’impulsion, qui va déterminer entre autre la profondeur de pénétration de l’impulsion dans la masse musculaire, et sa fréquence en Hertz. Un programme Bluetens va donc être un ensemble de courtes périodes alternant diverses impulsions selon l’effet recherché.
Les recherches, en particulier celles faites à l’INSEP – Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, notre usine nationale à sportifs de haut niveau – donnent par exemple de bons résultats pour la récupération avec des impulsions à 10Hz pour l’augmentation du flux artériel, des ultra-sons à 1MHz ou encore du 1,75Hz pour le retour veineux. Une onde à 4Hz sera plus utilisée pour la libération des endorphines.*
On comprend aisément que le réglage d’une impulsion n’est pas quelque chose de si évident pour l’amateur. Pour nous aider, l’application Bluetens nous permet de naviguer dans des menus explicites à la portée du commun des mortels. Je vous invite d’ailleurs à la télécharger, même si vous n’avez pas de Bluetens, pour vous faire une idée de la richesse des programmes proposés.
Le néophyte, le choix du programme et le réglage d’intensité
Pour le sportif seul, le noeud du problème est souvent là : quel programme est adapté à mon entrainement, à quelle fréquence d’utilisation hebdomadaire, à quelle intensité ? A moins d’avoir une formation spécifique, ou un kiné à disposition en permanence, on doit être guider pour utiliser ces machines barbares.
Et le gros avantage, qui m’a donné envie de passer de 30 € à 500, était de disposer d’un outil me guidant à travers une gamme de programmes clairs, voir des plans d’entrainement complets. D’après François Chatagnier, kinésithérapeute DE et osthéopathe, qui dirige la partie médicale de Bluetens, la prochaine version de l’application apporte un certain nombre de fonctions qui vont améliorer cela. Des programmes complets, des cures thématiques, sont prévus, de la préparation de votre semaine au ski au plan marathon. Il est dors et déjà possible d’entrer manuellement un programme hebdomadaire dans l’application actuelle. Mais avoir un véritable plan, et surtout plus d’explications sur les programmes, fera passer le Bluetens sur un niveau au dessus et risque de séduire beaucoup de sportifs. Sans oublier le futur Bluestore qui permettra aux professionnels de la santé ou du sport de proposer leurs propres programmes personnalisés, à destination de leurs patients ou de l’ensemble de la communauté. Bref, Bluetens a bien compris que, pour jouer sur le terrain des grands dans le grand public, il faut proposer une offre de services autour de l’appareil.
Aujourd’hui, ce sont déjà 15 groupes musculaires qui sont adressés par Bluetens : cheville, pied, bras (biceps), coude, avant-bras, poignet, épaules, haut du dos, dos, bas du dos, ventre/abdos, fesses, cuisses, genou, et mollet. La prochaine version devrait voir d’autres groupes ajoutés comme les triceps les ischio-jambiers (edit : c’est le cas de la dernière version sur Android). Chaque fois, les programmes sont découpés en 3 catégories : soin du kiné, relaxation (massage, récupération) et renforcement musculaire.
Cette future application, prévue dans le courant du premier trimestre 2016, permettra également de choisir entre grandes et petits électrodes pour les explications de positionnement.
Une fois nos programmes choisis, il nous reste le traditionnel problème du réglage manuel de l’inténsité électrique. Si certains adeptes du body-building aiment pousser celle-ci au delà de la limite du supportable, une utilisation plus mesurée est recommandée. Mais sur certains programmes, je commence à voir un effet avec une valeur très éloignée de la limite du supportable. Alors que choisir ? Là encore, Bluetens a écouté ses premiers utilisateurs et propose, pour l’instant uniquement dans la version Android, plus d’explications dans le ressenti permettant de régler l’intensité de façon optimale. Sans retour, il est très difficile d’envisager une automatisation de ce réglage qui dépend de nombreux facteurs comme la peau, la pilosité ou bien encore l’activité sportive qui développe la sensibilité musculaire.
Mon programme
François Chatagnier, et je l’en remercie, n’a pas fait que répondre à mes questions. Il m’a établi un programme pour que mon test soit le plus pertinent possible, dans le cadre de mon entrainement. Je rappelle que je prépare mon premier Ultra-Trail de 128 km à Angkor au Cambodge, le 23 janvier. Dans un mois (gloups !!!) Le programme doit donc être à la fois compatible avec l’agencement de mon entrainement, défini par mon coach et mon kiné chez XRun, et éventuellement traiter des zones de faiblesse ou des douleurs.
Comme je souffre de deux blessures sur lequel l’electro-stimulation n’est pas forcément efficace (tendinopathie à l’épaule et aponévrosite plantaire), je me concentre sur les sujets suivants :
- renforcement du quadriceps gauche. J’ai quasiment 3 cm de diamètre de différence entre le quad gauche et le droit. Cela pourrait expliquer beaucoup de problème dissymétrique chez moi. J’ai un programme de PPG parfaitement symétrique pour le moment. Donc en utilisant, en complément, les programmes du Bluetens « endurance confirmé » et « résistance confirmé », uniquement à gauche, on va pouvoir mesurer les effets. Bien sur, cela risque de ne pas être si visible que ça en quelques semaines, mais je pense qu’au niveau du ressenti, je pourrai en parler assez vite.
- Des programmes de circulation musculaire ou de prévention des crampes au mollet pour préparer la machine et encaisser des volumes d’efforts conséquents.
- De la récupération active (drainage) après les séances en intensité et les sorties à gros volume.
- Du massage soit pour éliminer les toxines, soit pour la détente.
- J’en profite pour ajouter un complément de ma PPG avec les programmes abdos/gainage.
Avant la course, je ferai un cycle classique d’augmentation de la micro-circulation sanguine (le terme « Capillarisation » n’est pas utilisé par Bluetens parce que déposé par Compex), 2 fois par jour pendant 4 jours sur cuisses et mollets. A cela, sur les conseils du kiné, j’ajouterai un massage tonique 24 heures avant pour un effet starter.
Après la course, ce sera massage et récupération active. C’est là l’utilisation la plus commune de l’électro-stimulation.
Première conclusion à chaud
Au bout d’une semaine, il serait prématuré de prétendre mesurer le véritable effet de tout cela. Par contre, pour ce qui est des programmes de récupération et des massages, l’effet est visible dés le lendemain d’une grosse sortie longue. Pour le reste, je vous tiendrai au courant dans de prochains articles.
EDIT MARS 2016 : J’utilise le Bluetens depuis 3 mois maintenant et à l’heure où j’écris, je suis en plein programme « Circulation musculaire » avant un trail dimanche. Il ne m’a pas quitté et constitue toujours un outil intégré à mon entrainement.
Au final, ce petit appareil, très bien conçu, est quand même un moyen d’incorporer l’electro-stimulation dans son entrainement de façon efficace sans (trop) se ruiner. Sans oublier une offre complet de programme de relaxation, y compris anti-stress. Sa taille est très certainement un atout pour l’avoir sur soi dans tout déplacement. L’appareil est pratique et pleinement utilisable comme complément de votre entrainement. La prochaine version de l’application va apporter un nombre non négligeable de fonctionnalités qui le rapprochent de ses concurrents beaucoup plus chers. L’évolutivité par mise à jour d’une application est clairement l’atout majeur du Bluetens.
Les plus
- La taille et l’aspect pratique de l’application smartphone disponible sur iPhone et Android.
- L’approche avec une application évolutive.
- La disponibilité de 2 tailles d’électrodes, les grandes permettant des programmes symétriques sur 2 membres à la fois.
- La richesse et la qualité des programmes aussi bien pour le soin, la relaxation ou le renforcement musculaire.
- La qualité des explications des programmes.
- L’application est très simple à utiliser et ne bloque pas le smartphone. Vous pouvez la laisser tourner en tache de fond pendant que vous utilisez une autre application.
- La recharge par USB.
- L’application téléchargeable gratuitement permet de se faire une bonne idée ds programmes avant l’achat. (Cliquer ici pour Android et ici pour iOS)
- Le prix par rapport au même service chez les concurrents.
- Certification CE médical
- La conception française est faite par des professionnels du secteur : kinés, médecins et coachs.
- Bluetens commence à proposer une gamme d’accessoires sympas : une sacoche de transport à coque ou un clip pour l’accrocher à une ceinture.
Les moins
- Des guides, plans d’entrainement, programme spécifiques seraient bienvenus (prévus en V2).
- Le bouton d’arrêt sur l’application est placé logiquement en bas de l’écran mais du coup, en attrapant le téléphone, j’ai appuyé involontairement plusieurs fois dessus, interrompant ma séance. Il faudrait qu’il soit au milieu. Et puis ça serait vraiment bien de pouvoir reprendre une séance interrompue. Parce que beaucoup de séance ont visiblement une phase d' »échauffement » au départ avant le travail proprement dit. On est obligé de repasser par là si on a atteint accidentellement l’appareil.
Le Bluetens et ses accessoires sont disponibles via notre partenaire d’affiliation i-Run. Cliquez ici.
Le site du constructeur : bluetens.com
* Source : Article ELECTRO-STIMULATION ET RÉCUPÉRATION – Marc Pujo, Kinésithérapeute service médical de l’INSEP et Philippe Fargier, Kinésithérapeute
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Ben dis donc, tu ne fais pas les choses à moitié ! Merci pour toutes ces explications sur l’électrostimulation, je me coucherai moins bête 😀
J’ai testé le Bluetens aussi. Comme toi, j’étais un peu perdue dans l’utilisation sur la V1 de l’appli. J’appréciais les différents modes et programmes, en mode découverte, mais les infos fournies n’étaient pas super satisfaisantes.
Je suis passée à la V2 aujourd’hui, et j’apprécie grandement les informations supplémentaires, avec la limite d’utilisation par jour, la complémentarité des programmes entre eux, etc. Je n’ai pas encore pris le temps d’explorer pour voir s’il y a des guides et plans d’entrainement par contre !
Merci en tout cas pour tes explications, c’est toujours un plaisir de comprendre un peu mieux les effets d’un tel objet sur le corps !
Merci. Par contre, on n’est pas encore dans la V2 promise. En particulier avec une distinction des programmes utilisables avec les petites ou les grandes électrodes.
merci de nous faire partager ce test intéressant sur l’électrostimulation
Bj je viens de découvrir cet appareil par contre sur mon application n’apparaît pas la phase relaxation.
Et pouvons nous courrier..Ou faire de la marche rapide avec?
Certaines applications montrent des positions assises…En mouvement. Mais pouvons nous réellement l’utiliser en faisant du sport?
Merci