Visite chez Brooks France, collection 2016 et test des Pure Grit 4

Ah les marques de chaussures de running américaines !!! Elles aiment toucher les cordes sensibles plus que l’appel à la performance pure. Avec son slogan « Run Happy », ses traileurs roots comme Scoot Jurek, le Killian Jornett américain (à moins que ce ne soit l’inverse) et héros du best seller « Born to run », Stéphane Brogniart ou encore le king du GR 20 Guillaume Peretti, Brooks véhicule une image plutôt cool de ce côté de l’Atlantique. Loin des machines de guerre que sont Nike, Adidas sur route ou Salomon sur le trail.

Pourtant la marque centenaire, qui fabriquait à la base des patins à glace ou des équipements pour le football américain, est leader sur le marché du running aux US. Très proche dans ses gammes de ses cousines historiques, New Balance ou Saucony (Deux marques fétiches dans la Endomorfun family).

(Photo Franck Ferrari)

(Photo Franck Ferrari)

Nous sommes donc un dimanche matin, sous la météo hésitante d’un hiver qui ne sait plus trop vers quoi tendre, au beau milieu de la campagne de l’Essonne. Au coeur de cette région du Gatinais, une quinzaine de passionnés, conduits par Alexandre du magasin Foul&es Paris 12 sont invités par Jeremy Massias, au siège de la marque. Inutile de dire que même dans le choix de la localisation du siège, ils ont été un peu plus roots que leurs concurrents, qui ont souvent préféré nous parler de trail et de course naturelle au milieu des pics de pollution parisiens.  L’objectif de la matinée : parler de la collection 2016 et courir.

Jeremy nous explique en détail toute la gamme.

Jeremy nous explique en détail toute la gamme.

Me and my Brooks

Ce que je connais de Brooks : la gamme Pure (« Pioure » ça me rappelle un de mes articles ça). C’est à dire la version Brooks de la course naturelle, avec des drops de 4 mm. Je rappelle, si vous débarquez sur ce blog ou dans le monde du running, que le drop, différentiel entre la hauteur du talon et celle de l’avant, est en général supérieur à 10 mm dans la plupart des modèles. Il peut être aussi être fortement réduit pour encourager une course dite medio-pied, sensée être la retrouvaille de notre foulée d’enfant. Après le minimalisme et ses excès qui ont connu les affres de « Class action » et de procès perdus, les marques préfèrent parler raisonnablement de « foulée naturelle ». Ce blog est né de la volonté de trouver cette foulée il y a 3 ans. Inutile de dire que je porte exclusivement des chaussures à drop faible. Généralement 4mm chez Saucony ou Brooks mais aussi moins chez Hoka ou même zéro chez Altra. Chez Brooks, c’est donc la gamme Pure qui va focaliser mon intérêt. Pour changer un peu de mes Saucony Kinvara, j’ai un jour acheté les Pure Cadence, la version avec l’amorti de plus « moelleux » de la gamme. C’était le modèle 1, on en est au modèle 5. Mais j’ai toujours ces Pure Cadence que je porte pour faire ma PPG ou même comme basket de ville blanche. J’avais adoré leur confort donc je me suis procuré les Pure Connect 2 pour avoir une version un peu plus nerveuse afin de bosser ma VMA. Mais c’était en 2014. Après mes 3 mois d’arrêt pour blessure, ma foulée tapait beaucoup et j’ai peut-être à tort incriminé les Pure Connect que j’ai abandonnées. Je n’avais rien à dire sur leur confort. J’appréciais particulièrement sur les deux modèles la « nav band », cette bande élastique qui assurait un bon maintien sur le dessus de la tige, maintient auquel je suis plus que sensible.

Et pour le trail ?

Bien sur, je connais la réputation de la Cascadia, excellente chaussure de trail polyvalente souvent vue au départ des courses. Mais leur drop trop important a vite été rédhibitoire pour moi. L’impression que le talon tape trop vite le sol. Et comme finalement, ce détail mis à part, elles avaient la même réputation que les Saucony Xodus , au drop de 4mm, j’ai préféré ces dernières dont j’ai usé 3 générations. Heureusement, pour le trail, il existe la Pure Grit, drop de 4 mm et profil qui n’est pas sans rappeler la Pure Connect, qui au passage a disparu du catalogue. Inutile de dire que je suis venu essayé ce modèle Grit en priorité. Avec un à priori à confirmer ou infirmer, c’est une chaussure taillée pour la vitesse et le court que je vais irrémédiablement comparer plus à mes Altra Superior qu’à mes Xodus.

J’apprend au passage que, si la Cascadia est un des grands leaders sur le marché du trail en Europe, ce n’est pas du tout le cas aux USA. Là-bas, beaucoup de gens pratiquent le trail running au sens premier du terme, donc sur des sentiers avec des running classiques. En Europe, le trail préfèrent les terrains plus techniques, nécessitant des semelles et des protections adaptées. Cela n’empêche pas Brooks (tout comme Saucony) de proposer des modèles typés, très populaires chez les adorateurs de caillasse et de gadoue en environnement à fort dénivelé.

L’éco-responsabilité dans son ADN

Jeremy nous explique un peu la technologie qui fait la particularité de Brooks. J’apprends que c’est l’autre marque, sous entendu « avec ASICS », utilisant un « gel » pour doser l’amorti de façon dynamique, adaptant sa forme à la pression exercée. C’est l’ADN, DNA en anglais, de Brooks qui parle ainsi d’amorti personnalisé.

L'ancienne version du gel ADN ciblé sur des zones précises.

L’ancienne version du gel ADN ciblé sur des zones précises.

L'ADN Biomogo, le gel est incorporé dans la mousse biodégradable.

L’ADN Biomogo, le gel est incorporé dans la mousse biodégradable.

Il nous explique également qu’après avoir été un des pionniers de l’utilisation de la mousse EVA, Brooks utilise désormais un composant biodégradable appelé le BioMoGo pour ses semelles intermédiaires. Le gel n’est plus réparti sur des zones précises, talon et avant pied, mais mélangé à la mousse et réparti sur l’ensemble du pied. On parle de BioMoGo DNA. Moi qui suit dans une phase, « l’amorti c’est plus  à moi de le faire qu’à la chaussure », j’apprécie les remarques, osées pour ce leader chez les coureurs lourds : ces derniers n’auraient pas besoin de tant d’amorti que ça. Au contraire, plus ils sont amortis, plus l’effort sera important pour soulever leur poids dans la foulée. L’analogie avec une trace laissé dans le sable est assez simple à comprendre. On essaie donc d’avoir un amorti intelligent. Au passage, cela permet d’écarter le débat sur l’ »oversize » amené par la popularité de Hoka. Contrairement à certains de ses concurrents les plus directs, Brooks ne s’est pas engouffré dans cette nouvelle vague.

La gamme 2016 de Brooks est très homogène et bien définie selon les besoins. On connait déjà la plupart des noms de modèles comme la Transcend, l’Adrenaline bien sur ou encore la Glycerin. La T7 Racer, cette chaussure que je voyais au pied de mon coach Olivier Gaillard en me disant que je ne porterai jamais ce type de pompe, est remplacée par un nouveau modèle, l’Hyperion. Du coup, moi qui en suis à porter des modèles de plus en plus léger, je m’y vois presque pour mes séances sur piste même si le drop de 12mm risque de m’exclure encore une fois.

Le modèle femme de l'Hyperion.

Le modèle femme de l’Hyperion.

En bref, une gamme complète et très cohérente avec pas mal de coloris différents, autant pour les hommes que pour les femmes. Que vous pesiez 150 kg et chaussiez du 49,5 largeur de pied 2E ou que vous cherchiez des pointes performantes pour votre saison d’athlé, Brooks saura vous proposer un modèle adapté. Le fait que l’on ait affaire à un pure player du running et pas une marque multisport se sent bien.

Après cette présentation détaillée, Jéremy nous invite à jeter un coup d’oeil à une gamme textile aussi sympathique que mal connue, de la veste phosphorescente « so disco » (je la veux pour la prochaine Saintélyon) aux brassières, segment sur lequel Brooks est premier au Etats-unis. Pas mal du tout.

La veste de ma future Saintélyon ?

La veste de ma future Saintélyon ?

La gamme textile 2016 (Photo Franck Ferrari)

La gamme textile 2016 (Photo Franck Ferrari)

Bon il vient ce test ?

Quand on invite une assemblée de coureur, il est vite l’heure de quitter les sièges de la salle de réunion et d’aller les sortir un peu. Ca tombe bien la forêt des Grands-Avaux est juste derrière. Et le Gatinais va nous offrir un terrain qui n’est pas sans rappeler les trails de Mondeville, pas très loin d’ici, ou même le fameux massifs des 3 pignons et son circuit des 25 bosses, pas non plus très loin à vol d’oiseau. Au programme, grands chemins boueux, petits raidillons sympathiques et quelques rochers à crapahuter.

Pure Grit 4 au pied, près pour tester un petit run dans le Gatinais.

Pure Grit 4 au pied, près pour tester un petit run dans le Gatinais.

Je pars donc avec une paire de Pure Grit 4, la 5 n’étant pas encore disponible. Je me renseigne sur les différences. Il s’avère que le mesh et globalement l’ensemble de la tige ont été renforcés. Renseignement pris, à l’instar de la Xodus 5 de Saucony, la Pure Grit aurait connu quelques déboires du côté solidité du mesh. Sinon la semelle a le même design.

Le chaussant me rappelle immédiatement mes Pure Connect d’il y a deux ans. Chaussure légère (286g en 42 homme), chausson souple, bande de maintien au milieu (nav band) et donc ajustement parfait au pied. Jeremy me fait remarquer que si j’aime la large toe box d’Altra, je suis là dans une approche inverse. Mais la souplesse du chausson fait que je ne suis pas gêné par cet aspect.

Je suis, je le rappelle, un coureur plutôt moyen et assez lourd, qui n’a que 3 ans d’expérience du trail. Mais je crois savoir ce que j’apprécie dans une chaussure de trail, aussi bien en entrainement court que sur 15 heures d’ultra. Et le confort à l’avant du pied, par une toe box (boite à orteil) assez large est à égale importance avec la sensation de maintien sur le dessus. Je suis particulièrement difficile sur le laçage. Les lacets gaufrés, déjà présents sur mes anciens modèles, ne me décevront pas non plus.

En course, j’ai vraiment l’impression d’avoir des Pure Connect, avec une semelle un petit peu plus accrocheuse, sans d’ailleurs grande exagération de ce côté. En discutant avec Jeremy, je suis d’accord sur un des points fort de Brooks. Souvent, les gens demandent « je cours en machin-truc sur route, que me conseillez vous pour m’essayer au trail ?». Et j’ai toujours envie de répondre « essaie de trouver le modèle trail équivalent à ce que tu aimes sur route pour démarrer, tu auras le temps de changer tes exigences plus tard ». Chez Brooks, il n’y a que 3 modèles trail : Cascadia, Adrenaline ASR, version trail de l’Adrenaline, best seller polyvalent de la marque, et Pure Grit. Les aficionados de la marque n’auront pas l’impression d’avoir changer de monde en passant sur ces modèles. Toute la personnalité des modèles routiers se retrouvent en trail. A commencer par le confort, particularité très américaine qu’elle se dispute avec New Balance et Saucony.

Bien sur, quelques rochers glissant me rappellent que très peu de chaussures de trails ont assez d’adhérence pour gérer cela. Par contre ces Pure Grit ne craignent pas vraiment les accélérations dans la boue grasse. Elles sont également assez aérées pour sécher vite quand on met le pied dans une flaque d’eau. C’est toujours appréciable.

Ironfitz teste dans l'eau

Ironfitz prend son envol pour un test amphibie (photo Sylvie Pham Van du blog Sydoky)

J’ai vite oublié que j’avais des chaussures neuves que je ne connaissais pas au pied et j’ai tenté, vainement, de suivre Vincent Gaudin (Journal du trail) qui m’a soigneusement déposé aussi bien dans les descentes que dans les montées, armé des Cascadia 11.

Le Gatinais ça n'est pas que du plat.

Le Gatinais, ça n’est pas que du plat. (photo Sylvie Pham Van du blog Sydoky)

Je voyais les « Grits » comme des chaussures de trail plutôt court, voire d’entrainement pour moi, mais à l’instar des Peregrine de Saucony, elles pourront satisfaire beaucoup de coureurs sur plus longue distance.

Le design des crampons de la semelle extérieure n’est pas aussi technique que sur la Cascadia, où un système de pivot assure un suivi de la stabilité quel que soit le terrain. La Grit se contente de petits ergots qui, s’il ne vont pas monter aux arbres, auront l’avantage de débourrer facilement la boue. Et de ne pas coller au terrain sur les passages sur bitume. Au final, malgré son look de « racer », son amorti en fait une chaussure sécurisante pour peut-être pousser plus loin. Je me vois bien faire une Saintexpress (44 km) sinon une Saintélyon (72) avec. La semelle est relativement souple va quand même épouser le terrain et faire jouer votre pied, sans toutefois donner la sensation que j’adore avec les semelles Altra. Une plaque intermédiaire avant la semelle, la Ballistic Rock Shield, améliore la protection sur terrain rocailleux contondants. Ca me rappelle celle de mes Altra Superior qui a l’avantage d’être amovible donc que je n’ai jamais utilisé pour courir en forêt francilienne.
En conclusion, je dirais un bonne petite chaussure de trail dynamique avec une conception très homogène qui en fait une excellente passe-partout (mais non, pas une chaussure pour les nains, voyons). Sans oublier que le design de la version 4 de la collection Printemps 2016 est assez sympa avec son dessin alvéolé.
La future version 5 ne nous a été présentée qu’en finition noire, plutôt agressive, donnant vraiment une impression de renforcement en particulier sur les protections avant et la languette. Un vague look de voiture de course. Jeremy me parle d’une disparition de la nav band sur les futurs modèles. Dommage, j’aimais beaucoup ce principe (dont Saucony semble s’être inspiré pour son système Pro-Lock).
La future Pure Grit 5

La future Pure Grit 5

Au chapitre de points à surveiller que je n’ai pas eu le temps de tester, la protection avant me semble encore un peu légère par rapport aux pare-pierres auxquels je suis habitués. Bien sur, ce n’est pas sur ce petit run en forêt que je peux prétendre me faire une idée globale de cette Pure Grit, mais la première impression de plaisir était là. Après tout la devise de la marque est bien « Run happy » et c’est ce que nous avons fait ce dimanche matin de grisaille.

Nous finirons tous ravis de cette sortie en groupe.

Sympathique équipe

Sympathique équipe

Peut-être que Brooks est une grosse machine à l’américaine, mais là nous avons vu une marque qui sait très bien véhiculer des valeurs humaines et qui va séduire autant le puriste roots du trail que le collectionneur de RP sur 10 kil. Il nous a bien eu le Jeremy au fond de sa cambrousse. Ça m’a d’ailleurs donné envie de ressortir les Pure Connect pour mes séances de VMA.

Parmi les participants, il y avait bien sur des bloggueurs :

Et comme nous étions armés de GoPro, nous devons monter un film avec Alex de Foul&es Paris 12. Stay tuned !!!

Merci Alex pour la ballade !!!

Merci Alex pour la ballade !!!

6 Comments on “Visite chez Brooks France, collection 2016 et test des Pure Grit 4

  1. Pingback: Chez Brooks, c'est "Run Happy"!!

  2. Bonjour,
    si c’est le modèle que vous portez sur la photo de vos pieds vu de haut que vous testé, alors vous avez testé les puregrit 3 et non les 4. Les 4 ne ressemblent pas vraiment à ça! Les 4 sont celles dont vous parlez avec le « mesh alvéolé » sur l’avant pied… les miennes (4) ont laché en moins de 50km. si les 5 ressemblent vraiment à celles présentée ici en noir cela devrait être corrigé…

  3. Bonjour
    Moi qui utilise essentiellement des produits BRooks, je trouve malheureusement que la marque est de plus en plus confidentielle (en France ) car elle ne distribué plus certains modèles pourtant dispo ailleurs notamment au niveau des textiles ou par exemple la gamme Elite n’est pas disponible …… côté textile il ne reste plus que des gammes basiques ou street et plus de vêtements techniques pour pratiquer l’athlétisme (debardeur,short…..) sachant que les athlètes suivis parla marque dispose de ces équipements. …..si tu fais de l athle il ne te reste plus que les chaussures 😢

    • Ah bon. Je ne sais pas exactement de quels modèles vous parlez mais j’en vois quand même pas mal dans les magasins (parisiens en tout cas). Sachant que Brooks a décidé de ne plus vendre sur des plateformes 100% internet pour privilégier le conseil de son réseau de distributeur physique. Ce qui bien sur ne concerne pas i-Run qui a désormais 2 boutiques à Toulouse 🙂 Il est vrai par contre, que je vois rarement les textiles alors que la gamme qu’ils nous ont présenté avaient l’air plutôt fournie. Le mieux c’est de la réclamer à nos shops habituels. C’est pas loin d’être la même chose pour la gamme textile des 2 autres pure players du running américain NB et Saucony. Disons qu’en France, on a moins de mal à trouver Nike et Adidas en textile. Dans une moindre mesure ASICS et Mizuno.

  4. bonjour, je recherche une paire de Brooks pure connect en taille 44 ou 44,1/2 pouvez vous me dire ou je peux en trouvé. Merci. Cordialement

  5. Bonjour, je voudrais acheter une paire d’hyperion sur I-run ,quelle taille me conseillez vous sachant que je suis trés bien avec mes T7 en 44 pour semi et marathon!

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