Ma prépa Marathon de Paris 2014 – « il y en a au moins une qui est allée au bout »

 « Et le temps passe et passe et passe, et beaucoup de choses ont changé…qui aurait pu s’imaginer qu’le temps se serait si vite écoulé ? On fait l’bilan, calmement, en s’remémorant chaque instant… »

Kikou les hiboux !

Navrée pour ce préambule revival des années 90’s en mode Neg Marrons, mais cette semaine s’achève ENFIN ma préparation marathon, j’ai donc les nerfs un peu en pelote. À J-5,  j’ai quand même un peu le droit, vous en conviendrez.

Dans 5 jours donc, je serai fixée sur mes capacités à tenir 42 p…. de kilomètres, 42,195 km même, sans mourir, ni manger mon prochain – Hannibal sort de ce corps ! Pour rappel, je courais mon premier 6 km il y a à peine un an, ai fumé pendant 10 ans et continue régulièrement de refaire le monde au comptoir des bars parisiens avec ma fidèle meute. Sans compter les récents apéro-bavette-frites avec mon acolyte d’Urban Running, j’ai nommé Alexandra, également embarquée dans l’aventure marathonienne.

Je n’avais, il y a 6 mois encore, ABSOLUMENT PAS l’intention de m’inscrire à un marathon, encore moins à un ultra. Je trouvais déjà suffisamment balaise d’avoir réussi jusque là à tenir 20 kilomètres sans claquer. Mais mon mari, voyez vous, possède un don de persuasion invraisemblable, qui consiste à activer des zones sensibles de mon cerveau en casant des mots clés tels « Voyage », « Nature » et « Photo ». Ainsi, à peine avais-je validé l’idée (la folie) d’un ultramarathon trail sur le Laugavegurin, ce trekk mythique d’Islande, que le père Birot m’ambiançait déjà pour le marathon de Paris : «Comme ça tu seras sûre d’être déjà capable de tenir sur plus de 40 bornes pour l’Islande». Bah voyons ! La suite vous la connaissez : janvier, première semaine de prépa, et Monsieur trouve le moyen de se tendinopather l’adducteur au point de devoir faire une croix sur la course. Je serai donc seule sur la ligne de départ. GLUPS !

Cela veut aussi dire : se motiver toute seule à aller aux entrainements en sortant du boulot la semaine, se motiver toute seule à se lever à 7 du mat chaque samedi pour l’entrainement du week-end, ET se motiver à faire des sorties longues toute seule dans des endroits vachement moins glam’ que le bois de Vérrières ou le parc de Sceaux. Sachant que moins je conduis, mieux je me porte…donc pas question de s’y rendre en bagnole non plus.

Tout ça sur 12 semaines. Tout ça en sachant que le sport fût la matière que j’ai la plus séché durant toute ma scolarité, limite toute ma vie. Ok. Tout va bien. « Suis Borderliiiiiiine (elle est borderliiiiine) ».

Et ben, vous me croyez ou non, mais je l’ai fait. OUI MADAME ! Certes, non sans râler (faut pas déconner), mais en tout cas sans grosse vraie pression.

JANVIER A MA FENETRE

Premier mois en dent de scie, il faut mettre un terme à une trêve hivernale qui dure déjà depuis trop longtemps, se remettre aussi des excès de noël et du jour de l’an, et anticiper sur ceux du 15 à venir (mon anniversaire…). Je ne m’intéresse encore que vaguement au plan d’entrainement envoyé par Urban Running et compte encore à ce moment là me calquer sur l’organisation de mon chéri.

Les premières séances de PPG au stade Suzanne Lenglen d’Issy-les-Moulineaux sont épiques, surtout les courbatures… À tel point que mes collègues de bureau me rebaptisent l’éclopée pendant plusieurs jours. Il faut dire que je me suis quand même fixée un  rythme de 4 entrainements par semaine, en mode « warrior ». Mais très vite Achille à gauche et mes 2 tibias montent une coalition et se mettent à protester, me forçant à revoir mes prétentions à la baisse. Ca commence bien ! Et c’est peu de le dire, alors que j’octroie une semaine complète de repos à mes gambettes (au bout de genre 3 semaines, pff la meuf !), JG en profite pour se faire une sortie longue de bourricot et c’est ainsi que se produit le drame : exit la prépa marathon, exit le marathon, exit la course à pied. Je réalise donc très vite qu’il va falloir que je me prenne en main si je veux espérer prétendre à quoi que ce soit…et relis donc cette fois avec attention le plan d’entrainement que je n’aurais jamais dû ignorer.

Les semaines suivantes se décomposent alors ainsi :

–        lundi : glande

–        mardi : glande

–        mercredi : PPG/VMA courte/ pizza-bière avec notre coach Karim

–        jeudi : glande

–        vendredi : glande

–        samedi : VMA longue

–        dimanche : sortie longue

Oui la glande chers amis fait intrinsèquement partie de la préparation (NdJG : on dit récup passive en runnologie). Mieux, c’est un principe de vie ! Tout comme celui d’aller le moins possible chez le médecin (très compatible avec la course à pieds).

Petite parenthèse dans le plan de Janvier : un peu de cross-training en skating.

Petite parenthèse dans le plan de Janvier : un peu de cross-training en skating.

FEVRIER, POIL AU NEZ

Mois 2. Le meilleur. Celui durant lequel la VMA progresse, les poumons s’ouvrent, le cardio trouve son rythme, les muscles ne font plus mal, se lever à 7h du mat le samedi n’est pas grave…Celui des sorties longues sous la lumière basse du soleil d’hiver, le long du lac à Vincennes avec mes acolytes, ou seule dans la coulée verte avec mon casque et ma musique. Ce sont des dimanches matins ou, après 20 bornes, je me sens d’attaque pour 20 supplémentaires. J’y crois à mort. Bref, le temps du bonheur ! Qui comme chacun sait est éphémère…ERF ! Je suis physiquement en forme lorsqu’arrive le semi-marathon de Paris. À l’arrivée, après 1h57 de course, mentalement quelque chose a cédé. J’en ai plein les pattes ! (cf. mon CR)

MARS ATTACK !

Mois Yapluka. Sauf que je n’ai plus l’envie. J’ai peur, j’ai mal, je suis fatiguée, ça me gonfle. Les sorties longues sont….longues. Et j’ai mal. Et je râle. Tout le monde a l’air de trouvé ça normal de s’enfiler un semi tous les dimanches, d’aller voir médecin, chiro, kiné, ostéo, méso, 3 fois par semaine, et gober des anti-inflammatoires un jour sur deux,  alors que concrètement, ça ne l’est pas et mes jambes et mon corps sont là pour me le rappeler. OUI, c’est le PASSAGE A VIDE INTEGRAL. La dernière grosse sortie longue, 2h20, m’achève physiquement : aux tibias et au tendon d’achille viennent s’ajouter le genou, la gorge, le nez et les bronches – merci les particules fines !!!. Je suis HS. Et je me demande : pourquoi je m’inflige tout ça, déjà ? Comme un éclair de lucidité. Et en plus, c’est le moment d’arrêter les apéros pour de bon. Diantre, je suis refaite ! C’est décidé je n’irai pas ! Enfin si, allez … mais c’est la dernière fois !

DES CHIFFRES ET DES LETTRES

Si je résume, en 3 mois j’aurais donc englouti (ou presque) : 9 sorties longues, 5 séances de PPG, 5 séances de VMA courte et 8 séances de fractionnés long pour l’allure spécifique et le seuil, soit approximativement  plus de 400 km dans les pattes. Ainsi que 300 litres de thé vert, 300 litres de thé noire saveur  vanille, 3 cuites, 30 patates, 26 salades, 12 pizzas, 80 perrier, 18 bières, 3 litrons de pif et 85 oranges…ou presque. Et pour ceux qui se demandent si avec ça je n’aurais pas pris ou perdu aussi quelques kilos, la réponse est non. Ou alors ma balance est définitivement bloquée sur 52.

Le coach Karim à l'oeuvre ... Allez on gaine tout ça si on veut un Granola !!! (Merci Eric Bertrand pour la photo)

Le coach Karim à l’oeuvre … Allez on gaine tout ça si on veut un Granola !!! (Merci Eric Bertrand pour la photo)

A J-5, je m’en tire donc avec : une caisse d’enfer, des cuisses et des abdos en béton (bisous Karim !), un cardio au poil  et un mental d’acier. Mais aussi…une pitite périostite sur chaque jambe, un tendon d’Achille fort mécontent et qui le fait savoir maintenant assez régulièrement, un genou extérieur droit qui commence à me faire des avances là bas, au loin : « COUCOU ! On m’appelle TFL, tu viens boire un verre chérie ? ».  Depuis quelques semaines il faut bien le dire, je subis un gros coup de pompe et une lassitude grandissante. On omettra bien sûr d’évoquer les crises d’angoisse, elles aussi grandissantes, notamment depuis le semi. Enfin quand je dis « crises d’angoisse », on parlera plutôt de petits zigouigouis d’adrénaline dans le bide de temps à autre, car si je dois reconnaître une chose, c’est que la course à pieds m’a bien sauvé la vie de ce point de vue là. Sauvé la vie ? Vous avez bien lu. Vous saurez donc que quand je dis que j’aborde la course à pied comme une thérapie, je ne plaisante qu’à moitié. Pire, je suis bien obligée d’admettre que j’en suis aujourd’hui complètement dépendante. Que rien ne vaut une séance de VMA courte à fond la caisse pour se décharger d’une journée de boulot bien pérave. Bon dieu, j’ai basculé du côté obscure de la force sans m’en apercevoir et personne ne m’a prévenu ! MERCI LES GARS. (NdeJG : You’re welcome my dear cocotte)

Bref, toujours est-il que ce cocktail sympathique de blessures, fatigue et lassitude, couplé à une semaine de particules fines et un changement de température un peu brutal ont pour conséquence un bon gros rhume des familles installé depuis deux semaines maintenant. Inutile de vous dire à quel point je suis crevée et excédée. Et voilà qu’après avoir souhaité disparaitre pour ne pas y aller, je trépigne d’impatience à l’idée du départ, la peur au ventre certes, mais quand même. Qu’on en finisse bon sang ! Dans ma tête je suis déjà en train de trailer comme une furieuse dans les sous bois de Vérrières, au Lozère Trail, et sur les vallées colorées du Landmannalaugar.

Pour info, l'Ultramarathon du Laugavegur passe dans ce décor.

Pour info, l’Ultramarathon du Laugavegur passe dans ce décor (photo. Anne-Claire Corral-Birot)

Le marathon de Paris, mon premier long bitume, et sans doute le dernier (NdeJG : « Ah bon, pas de New York ? pas de Kyoto ? »). Avec l’espoir tout de même d’aller au bout sans être trop amochée, peu importe le chrono. Aller au bout.

Le marathon de Paris, comme l’achèvement logique de ces 3 longs mois de préparations qui, malgré tout, m’auront fait un bien fou, et donné envie de me lever le matin, et fait rencontré des gens sympas avec qui partagé cette folie (des junkies tout pareil), et fait cotoyé des coachs patients et motivés (et humbles, et balaises).

En prévision : un jour de congé post-marathon, des fêtes en veux-tu en voilà, deux à trois semaines de coupure, et puis un très probable retour sur les bancs d’Urban Running.

Enfin, si suis pas décédée avant.

Adieu, Youri !

Et à la semaine prochaine.

 

Le mot de J.G.
Anne-Claire prend le départ dans le sas 4h15. Tous ses entrainements VMA donne un temps théorique inférieur, avec une vitesse marathon moyenne à 10,5 km/h. Mais on comprend que ce premier marathon est une aventure en terre inconnue et elle veut juste avoir le maillot de finisher. Que ce sera merveilleux et presque inespéré mais ça n’est pas l’objectif de son année. Etant donné que je peux « recourir » un peu, je voulais l’accompagner sur les 10 derniers km, mais elle ne veut pas. Rendez-vous pour son CR.
Et pour la récup active, on a déjà prévu un nouveau jouet : IMG_2475

2 Comments on “Ma prépa Marathon de Paris 2014 – « il y en a au moins une qui est allée au bout »

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